Dimanche de Pâques (17/04 -

Homélie du dimanche de Pâques (17 avril 2022)

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Lecture spirituelle de la Résurrection du Christ

Jésus Christ est ressuscité, Alléluia. Il est vraiment ressuscité, Alléluia ! Méditons l’évangile d’après les belles inspirations de Dom Guéranger dans l’Année Liturgique.

      1. La Résurrection – réanimation du corps mort de Jésus
  1. Les 3 jours avant de ressusciter

« La mort planait en silence sur le sépulcre où elle retenait sa victime, jamais le silence du jardin, celui de la malédiction du jardin d’Éden, n’avait reçu un accomplissement aussi effrayant, jamais la tombe n’avait vu ses espérances déjouées par un si cruel démenti ». Cette résurrection unique en son genre et annonciatrice de la fin des temps, fut anticipée par d’autres car « plus d’une fois, la puissance divine a dérobé à la mort ses victimes, tout d’abord, le fils de la veuve de Naïm, la fille du chef de la synagogue, le frère de Marthe et de Madeleine lui ont été ravis ». Mais ceux-ci mourront de nouveau. Leur vie physique ne leur fut redonnée que provisoirement et n’était que terrestre tandis que le Christ lui-même ne connaîtra plus jamais la mort. Il ressuscite pour la vie éternelle et non pas pour une vie prolongée ici-bas comme Ézéchias prolongé de 15 ans alors qu’Isaïe lui avait annoncé qu’il devait mourir (2 R 20, 6).

« Ô mort, je serai ta mort, tombeau je serai ta ruine » (Os 13,14). Osée parlait de trois jours pour la résurrection. Ils furent quelque peu abrégés car les Juifs obtiennent les trois jours calendaires comme un sabbat, comptant le vendredi soir, le samedi et les toutes premières heures du dimanche. Ce délai suffisait pour satisfaire justice divine et certifier la mort du Christ et donc son triomphe, comme pour le cœur désolé d’une mère, de la Vierge Marie. « Personne ne m’ôte la vie, c’est moi-même qui la dépose, j’ai le pouvoir de la quitter et j’ai aussi celui de la reprendre » (Jn 10.17, 18). Le Christ avait utilisé ces mêmes termes au Jeudi saint en déposant son habit pour se ceindre d’un tablier et le reprenant après le lavement des pieds. Jésus a ce pouvoir sur la mort. Il offre sa vie et la reprend. Nous ne pouvons que la lui offrir pour la recevoir du Christ à nouveau.

  1. Jésus défait la mort

Le Samedi Saint, le Christ était allé chercher tous les Justes de l’Ancien Testament pour les faire sortir du pouvoir de la mort dans les limbes des patriarches (les enfers et pas l’Enfer). Ils étaient morts avant sa naissance et ne pouvaient l’avoir connu mais l’avaient salué de loin. Le Christ, suivi des âmes de ces saints qui l’environnaient, les conduisit au Ciel tandis qu’il revint sur Terre, traversant l’espace d’un instant le sépulcre. Son âme rentra dans son corps qu’elle réanima, après l’avoir quitté trois jours auparavant au milieu des angoisses de l’agonie. Le sang revint dans ses veines. Le prêtre à chaque messe commémore cet instant précis en faisant tomber le fragmentum dans le calice avant l’Agnus. Ce corps sacré se releva, se dégagea du linceul, des aromates et des bandelettes dont il était entouré. Les meurtrissures disparurent hormis les stigmates. Les anges entonnèrent le Gloria in excelsis comme à sa naissance.

Jésus passa l’obstacle de la pierre qui n’était pas encore roulée de côté. Il la traversa comme les portes fermées du Cénacle. Ce détail lie ce miracle avec la virginité perpétuelle de la Vierge. À l’accouchement, le Christ était passé à travers l’hymen de la Vierge appelée à juste titre semper Virgo (toujours vierge) aussi in partu. Le Christ est capable de traverser toutes sortes d’obstacles. Les soldats étaient comme morts de frayeur.

« Ô mort qu’est devenue ta victoire, qu’as-tu fais de ton glaive, à un moment tu as triomphé et te voilà engloutis dans ton triomphe » (1 Co 15,55). Dans La Passion de Mel Gibson, le démon hurle au moment où le Christ meurt parce qu’il a compris qui était Jésus. Puisqu’il est le fils de Dieu partageant sa substance divine, il est capable de vaincre la mort. Finalement, ce triomphe du démon n’était qu’une victoire à la Pyrrhus. Si un simple homme n’a pas de quoi ressusciter en lui, Satan n’avait pas de quoi tuer Dieu non plus. Jésus avait caché sa divinité sous son humanité pour S. Éphrem. Le démon, abusé, est définitivement vaincu par la bombe mise au cœur de la mort qu’est l’amour du Christ. Soudain la terre tremble, l’ange du ciel descend et arrache cette fameuse pierre. Les gardes sont encore plus épouvantés. Jésus est donc ressuscité. Alléluia !

      1. Les premières apparitions
  1. La Très Sainte Vierge et les saintes femmes

S. Thérèse d’Avila affirme que le Christ rendit d’abord visite à sa mère qui bénéficia des premières joies de la Résurrection. Son cœur ne supportant plus cette souffrance, Jésus la soulagea. « L’accablement de la divine Mère était si profond, qu’elle n’eût pas tardé à succomber à son martyre, et que lorsqu’il se montra à elle au moment où il venait de sortir du tombeau, elle eut besoin de quelques moments pour revenir à elle-même avant d’être en état de goûter une telle joie ; et le Seigneur ajoute qu’il resta longtemps auprès d’elle, parce que cette présence prolongée lui était nécessaire ».

Après cette visite par piété filiale, Jésus se montra aux autres saintes femmes Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé qui n’avaient encore vu que l’ange. La théologie fondamentale prouve la crédibilité de la foi. Choisir la croix, ignoble au sens étymologique de non-noble d’une mort atroce réservée aux esclaves comme les conjurés de Spartacus ne pouvait venir que de l’amour d’un Dieu aimant vraiment jusqu’au bout. Certainement pas de quoi on puisse se glorifier en soi. Choisir l’ancienne prostituée Marie-Madeleine dans le jardin du « noli me tangere » (« ne me touche pas ») comme apôtre des apôtres détonne tout autant.

  1. Récompense de l’amour et humilité

Le Seigneur récompense ceux qui l’ont le plus aimé. Il voulut honorer sa mère qui avait le cœur le plus donné à son amour. Marie-Madeleine venait ensuite parce qu’elle lui avait lavé les pieds, séchés de ses cheveux et oints de nard précieux en signe d’amour. Une hiérarchie de l’amour vient de commencer. Ensuite, Jésus apparut aux apôtres qui s’étaient tous enfuis de la croix sauf S. Jean resté auprès de la croix au côté de la Très Sainte Vierge. Il laissa S. Pierre, le renégat repenti, rentrer le premier au tombeau car il croyait déjà. L’attachement manifesté par les disciples à Notre Seigneur de son vivant forme une symétrie avec l’ordre des apparitions.

Aujourd’hui, Jésus est au comble de sa gloire. Il scella toutes ses œuvres par sa résurrection, rendant certaine son origine divine puisqu’il assure notre foi par le prodige le plus irréfragable. Avant d’instruire les apôtres, il choisit d’humbles femmes. « Mes pensées ne sont pas vos pensées ». Jésus bouscule la hiérarchie sociale comme avec les bergers de la Nativité puis les rois mages païens plutôt qu’Hérode et les grands prêtres, pour ne laisser aucune prise à la force humaine. En choisissant la faiblesse de ces pauvres femmes, les œuvres de Dieu sont manifestées de manière encore plus éclatante : « c’est quand je suis faible que je suis fort » (2 Co 12, 10). « Nous portons ce trésor comme dans des vases d’argile ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et ne vient pas de nous » (2 Co 4, 7).

Date de dernière mise à jour : 17/04/2022