Dim. in Albis (27 avril - Résurrection)

Homélie du 1er dimanche après Pâques (27 avril 2025)

La Résurrection du Christ (1) : en soi

La nuit de Pâques, « le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! ». Penchons-nous avec saint Thomas sur ce qu’est réellement la Résurrection point essentiel du dogme.

      1. Pourquoi et par qui la Résurrection du Christ ?
  1. Une nécessité

La Résurrection devait nécessairement intervenir pour 5 raisons (III, 53, 1). La justice divine veut récompenser, en les exaltant, ceux qui s’humilient devant Dieu. Or la Croix est le suprême abaissement (kénose, Ph 2) car mort la plus ignominieuse qui soit, réservée aux malfrats et maudite (Ga 3, 13, cf. Dt 21, 23). Le Christ devait donc être glorifié au maximum. Elle instruit notre foi car nous croyons mieux à la divinité du Christ. Elle relève notre espérance. Comme pour un accouchement, les membres du corps suivent la tête qui entre la première dans le Royaume des Cieux (1 Co 15, 12). Nous aussi, nous voulons ressusciter. Elle forme moralement les fidèles. « Le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père ; de même, nous, marchons dans une vie renouvelée » (Rm 6, 4). Elle achève notre salut. Si en mourant Jésus a supporté les maux afin de nous en délivrer, en ressuscitant il a été glorifié afin de nous pousser vers le bien : « Il s’est livré pour nos péchés, et il a ressuscité pour notre justification » (Rm 4, 25). « La Passion du Christ a accompli notre salut, à proprement parler, en écartant les maux qui s’y opposaient ; mais la Résurrection l’a accompli en ouvrant la série des biens dont elle est le modèle ».

  1. Qui opère la Résurrection ?

Le Christ est cause de sa Résurrection (III, 53, 4). La mort n’a séparé la divinité ni de l’âme du Christ, ni de son corps. L’âme du Christ mort peut être considérée à un double point de vue. Au titre de la divinité qui lui était unie, le corps du Christ a repris l’âme qu’il avait déposée et son âme a repris le corps qu’elle avait quitté (cf. le vocabulaire du vêtement déposé et repris dans le lavement des pieds en Jn) : « S’Il a été crucifié en raison de l’infirmité de sa chair, le Christ vit par la vertu de Dieu » (2 Co 13, 4). (En Dieu, la puissance ou vertu du Père et du Fils est une, comme leur action). Mais selon la vertu de la nature créée, corps et âme ne pouvaient pas se réunir et il a fallu que le Christ soit ressuscité par Dieu.

      1. Les circonstances de la Résurrection
  1. Le troisième jour

Le Christ accomplit les Saintes Écritures : « Il nous rendra la vie dans deux jours. Le troisième jour, il nous relèvera et nous vivrons devant lui » (Os 6, 2). Le comput hébreu diffère du nôtre qui compterait une quarantaine d’heures environ. Eux considèrent le vendredi après-midi jour 1, le samedi jour 2 et jour 3 le dimanche à peine entamé puisqu’il ressuscita aux premières heures du jour. Il signifiait qu’il est la véritable lumière de jour venue tout restaurer en Christ : « Les premiers jours du monde étaient comptés de la lumière à la nuit, à cause de la future chute de l’homme ; mais les trois jours du tombeau sont comptés des ténèbres à la lumière, à cause de la restauration de l’homme » (saint Augustin).

Notre foi est instruite par la Résurrection. Cette foi porte sur la divinité et sur l’humanité du Christ. Pour confirmer la foi en la réalité de la divinité du Christ, il fallait qu’il ressuscitât promptement, sans différer jusqu’à la fin du monde comme pour nous, membres de son corps, d’où la plus grande excellence du Christ-tête. Cependant, pour confirmer la foi en la réalité de son humanité et de sa mort, un intervalle était nécessaire entre mort et résurrection. S’il était ressuscité aussitôt après sa mort, sa mort aurait pu sembler irréelle, et sa résurrection une simple réanimation.

La symbolique des nombres est forte : « par son unique mort corporelle, qui a été lumière en raison de la justice, le Christ a détruit nos deux morts, celle du corps et celle de l’âme, qui sont ténébreuses en raison du péché ; c’est pourquoi le Christ est demeuré dans la mort pendant un jour entier et deux nuits, remarque saint Augustin. Ce fait montre encore que, par la résurrection du Christ, une troisième période commençait. La première s’était déroulée avant la loi (ante legem), la seconde se place sous la réalité de la foi (sub lege), le troisième allait se dérouler sous la grâce (sub gratia). Avec la résurrection du Christ a commencé aussi une troisième époque pour les saints. La première se situait sous les figures de la loi, la seconde sous la vérité de la foi, la troisième se placera dans l’éternité de la gloire, que le Christ a inaugurée en ressuscitant » (III, 53, 2).

  1. « Premier né d’entre les morts »

« Le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis » (1 Cor 15, 20). Comment concilier saint Paul et les autres résurrections de l’Ancien Testament avec les prophètes Élie (l’enfant de la veuve de Sarepta (I R 17, 17)) et Élisée (le fils de la Sunamite (2 R 4, 29)) et du Nouveau Testament, opérées par le Seigneur lui-même : la fille de Jaïre (Mt 9, 18 ; Mc 5, 21 ; Lc Lc 8, 40), le fils de la veuve de Naïn (Lc 7, 11-15) et Lazare (Jn 11, 1-44), sans même parler des apôtres Pierre ressuscitant à Joppé la jeune Tabitha (Ac 9, 36-43) et Paul à Troas le jeune Eutyque (Ac 20, 7-12).

Une résurrection se distingue par deux types. Dans le premier, le retour de la mort ramène à la vie dans les mêmes conditions que précédemment mais tous les ressuscités moururent de nouveau plus tard. Toutefois, ces miracles indiquent la vocation humaine à la vie éternelle. Tandis que la vraie et parfaite résurrection délivre non seulement de la mort, mais aussi de la nécessité et même possibilité de mourir. Le Seigneur fit parvenir sa nature humaine, corps et âme dans la vie immortelle ou éternelle : « Le Christ, ressuscité des morts, ne meurt plus » (Rm 6, 9).

« Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent » (Mt 27, 52) à l’heure exacte où le Christ rendit l’âme sur la Croix et que le voile du Temple se déchira ? Les tombeaux s’ouvrirent-ils mais les corps ne ressuscitèrent-ils qu’après le Christ pour se montrer aux habitants de Jérusalem (saint Jérôme) ? Ou bien : « Comment S. Pierre aurait-il pu affirmer devant les Juifs qu’il fallait appliquer non à David mais au Christ la prédiction que sa chair ne verrait pas la corruption, pour ce motif que le tombeau de David était encore parmi eux ? Les aurait-il convaincus, si le corps de David ne s’était plus trouvé dans le tombeau ? Car, même si David était ressuscité auparavant et peu de temps après sa mort, et que sa chair n’ait pas vu la corruption, son tombeau pouvait néanmoins subsister. Par ailleurs, il semble dur que David n’eût pas été parmi les justes ressuscités, si cette résurrection leur est déjà donnée pour l’éternité, puisque le Christ est acclamé comme descendant de David. En outre, comment soutenir ce qu’He 11, 40 dit des anciens justes : ‘Ils ne seront pas conduits sans nous à leur consommation finale’, s’ils avaient déjà été établis dans l’incorruptibilité de la résurrection qui nous est promise pour la fin comme notre perfection dernière ? » (saint Augustin).

Conclusion

Le Christ que Dieu « n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Mt 22, 32). Les sadducéens ou grands prêtres ne croyaient pas à la Résurrection (Ac 23, 8) et voulaient piéger le Christ avec la femme aux sept maris. Lequel serait le sien à la Résurrection ? Ils n’avaient rien compris et Jésus fonda son affirmation sur l’Ancienne Alliance : « Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? ». Dieu n’a pas voulu la mort et a créé l’homme pour la vie (Sg 1-2). Ceux qui acceptent de suivre le maître, ressusciteront avec les patriarches et les prophètes qui ont été fidèles à Dieu. Ne soyons pas sadducéens : croyons-nous réellement à la Résurrection du Seigneur et donc à la nôtre ? Le salut est une question sérieuse, la seule vraie. Mais agissons-nous pour ressusciter pour la vie éternelle ou pour la damnation ? Demandons au Dieu vivant la grâce de lui rester fidèle, de nous vivifier.

Date de dernière mise à jour : 03/05/2025