Homélie de la Fête-Dieu (21 juin 2025)
Lecture thomiste de Jn 6, 55-59
En cette fête du Corps et du Sang de NSJC, méditons l’évangile avec saint Thomas.
- Vérité de la manducation du corps du Christ
- Une nourriture vraie dans tous les sens du terme
« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » montre qu’il faille prendre au sens strict la manducation et pas au sens allégorique comme le pensent Protestants ou modernistes. Les miracles eucharistiques analysés scientifiquement prouvent un morceau de myocarde avec groupe sanguin AB (3,2% dans le monde mais très présent au Nord d’Israël).
Outre le miracle de Lanciano (VIIIe s.), ville de saint Longin qui transperça de sa lance le Cœur Sacré de Jésus ; et Bolsena (1263), nombreux sont les miracles eucharistiques (136 recensés par le Bx Carlo Acutis dont une douzaine en France, l’un d’entre eux à Marseille-en-Beauvaisis en 1533, n’est qu’à 72 km de Rouen). Le 15 août 1996 à Buenos Aires, un fidèle communiant dans la main fit tomber l’hostie mais refusa de la reprendre car elle parut souillée. Mise dans l’eau pour y être dissoute, suivant la procédure canonique, elle se transforma. L’archevêque Jorge Bergoglio, devenu pape François, fit procéder à des analyses en Californie et à l’université de Columbia. Le Prof. Frederick Thomas Zugibe de médecine légale y reconnut en 2005 un morceau du ventricule gauche du myocarde, soumis à un stress aigu « comme s’il avait été violemment frappé à la poitrine ». À Noël 2013, à Legnica en Basse-Silésie polonaise, une hostie tombée à terre puis dissoute se transforma en muscle. Authentifiée par l’Église en 2016, l’analyse montra des « altérations qui apparaissent souvent pendant l’agonie ». Simplement, pour ne pas nous dégoûter, le Christ cache sous l’espèce du pain (forme, goût, couleur) et du vin. Qui mangerait autrement de la chair crue ?
- Une nourriture donnant accès à la vie éternelle
La nourriture et la boisson sont indispensables à l’homme pour survivre corporellement, pour le restaurer. L’homme est un composé métaphysique où l’âme, principe spirituel, est la forme du corps qui est la matière (hylémorphisme). La partie principale est donc spirituelle, car elle nous distingue d’avec tous les animaux, brutes irrationnelles (différence spécifique). Elle a besoin d’être nourrie. « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre » (Ps 22, 1-3).
Une chose est réellement lorsqu’elle produit bien l’effet attendu. L’effet de la nourriture est de rassasier. Le corps et le sang du Christ sont réellement nourriture et boisson car ils mènent à la gloire où il n’y a ni faim ni soif dans la vie éternelle (Ap 7, 16).
- Syllogisme pour l’union sacramentelle
- Majeure
Le Christ fait un syllogisme en posant la majeure, la mineure pour en tirer sa conclusion : Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme ; donc Socrate est mortel. Pour la majeure, l’incorporation ne s’entend pas mystiquement ou spirituellement : en mangeant, on devient certes par la foi et la charité membre du corps mystique du Christ où Dieu est dans l’homme et réciproquement (Jn 4, 16) par l’Esprit-Saint (Jn 4, 13). Mais la meilleure interprétation est la consommation sacramentelle. Tous ceux qui mangent la chair et boivent le sang du Christ ne demeurent pas en Dieu car il y a plusieurs manières de le faire. Certains sont en vérité sur la réalité signifiée du vrai corps charnel et divin du Christ. Mais d’autres approchent ce sacrement avec un cœur mensonger et n’y croient pas, empêchant le sacrement de produire en eux son effet. L’incorporation au Christ du communiant signifiée extérieurement doit aller de pair dans son cœur avec un désir de s’unir à lui en écartant tout ce qui y fait obstacle comme le péché. Le Christ ne demeure pas chez celui qui ment sur ce sujet.
- Mineure
La mineure est : celui qui est uni au Christ a la vie. Elle est induite par une similitude. Le Fils, par son unité avec le Père, en reçoit la vie et celui qui est uni au Christ, reçoit la vie du Christ. Cela s’explique soit selon sa nature humaine ou selon sa nature divine.
En tant que Fils de Dieu, le ‘comme’ dans la similitude du Christ avec la créature repose sur le fait de se recevoir d’un autre. Comme dans toute analogie, la dissimilitude est encore plus grande, parce que le Fils reçoit du Père toute la plénitude de la nature divine (Col 2, 9). Tout ce qui, par nature, est au Père est aussi par nature au Fils tandis que la créature reçoit seulement une certaine perfection et une nature particulières. Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même (Jn 5, 26). Il ne dit pas : ‘Comme je mange le Père et que moi je vis à cause du Père’ puisqu’il procède du Père par l’engendrement éternel qui ne lui donne pas une nature autre, ni numériquement ni spécifiquement. Le Christ possède toute la nature du Père et non une partie de celle-ci — elle est simple et indivisible. Mais quand nous participons à son corps et à son sang par manducation, nous devenons meilleurs.
Suivant la nature humaine du Christ, ‘comme’ implique une similitude entre le Christ-homme et nous car il reçoit la vie spirituelle par l’union à Dieu et nous par la communion au sacrement. Mais la dissimilitude est que lui reçoit la vie par union au Verbe avec lequel il n’est qu’une unique personne, alors que nous sommes unis au Christ par le sacrement de la foi.
« De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi » signifie donc suivant la nature divine : ‘je vis à cause du Père car le Père est vivant’, et suivant la nature humaine : ‘parce qu’il m’a envoyé, le Père a fait que je m’incarne’.
Conclusions
Le Seigneur tire deux conclusions car les Juifs controversaient sur deux points : l’origine de la nourriture spirituelle et sa vertu. Les Juifs avaient été troublés par ‘Moi je suis le pain vivant descendu du ciel’ (Jn 6, 51). Il réaffirme tenir son origine du ciel parce que le Fils vit par le Père. Quant à la divinité, « du ciel » montre qu’il procède du Père tandis que « descendu » évoque sa nature humaine formée par l’Esprit Saint. Donc ceux qui mangent ce pain ne meurent pas comme sont morts leurs pères avec la manne qui ne descendait pas du ciel véritable et n’était pas le pain vivant. Celui qui sait discerner par la foi le vrai corps et sang de Jésus-Christ recevra la vertu de participer à l’être même de Dieu dans l’éternité.