3e Avent (14/12 - ND Guadalupe)

Homélie du 3e dimanche de l’Avent (14 décembre 2025)

Notre-Dame de Guadalupe

Le 9 décembre était fêté San Juan Diego et le 12, les apparitions ayant donné naissance au plus grand sanctuaire marial à Mexico Tenochtitlan : Notre-Dame de Guadalupe. La capitale aztèque tomba le 13 août 1521 devant Hernán Cortés. Dix ans plus tard, 9 millions d’Indiens se convertirent suite aux apparitions de décembre 1531. Cortés venait de Medellín, en Estrémadure, à 90 km de Notre-Dame de Guadalupe où au milieu du XIIe s, le berger Gil Cordero vit la Vierge qui lui fit exhumer sa statue cachée à l’invasion arabe de 714. Elle y voulait une église et un accueil gratuit pour les pèlerins. De nombreux miracles intervinrent (la Reconquista de Tarifa en 1340 donna à Alphonse XI le contrôle du détroit de Gibraltar, puis Lépante en 1571). Christophe Colomb s’y trouvait lorsqu’il fut autorisé à partir et il y remercia la Mère de Dieu pour son retour en 1493. Sa seconde expédition en 1493-1496 lui était consacrée d’où le nom donné à notre Guadeloupe le 4 novembre 1493. En nahuatl, Guadalupe dérive de ‘tequatlasupe’, ‘celle qui écrase la tête du serpent’ comme dans Gn 3, 15.

Sur la colline de Tepeyac, entre les 9 et 12 décembre 1531

Saint Juan Diego (Cuauhtlatoatzin, ‘aigle parlant’) naquit en 1474 et se convertit avec son épouse dès 1524-1525. Il était veuf et s’était retiré dans une mission catholique franciscaine à Tolpetlac. Le 9 décembre 1531, se rendant au point du jour à la messe à Tlatelolco, église à 8 km, il entendit sur la colline de Tepeyac un magnifique chant d’oiseaux puis ‘Juanito, Juan Dieguito’. S’avançant vers le sommet de la colline, une Dame l’attendait, d’une grandeur surhumaine et dont les vêtements brillaient comme le soleil « sache et comprends bien, le plus humble de mes fils, que je suis la toujours vierge Sainte Marie, Mère du vrai Dieu pour qui nous existons, du Créateur de toutes choses, Seigneur du Ciel et de la Terre. J’aimerais qu’une église soit érigée ici, rapidement, afin que je puisse vous montrer et vous donner mon amour, ma compassion, mon aide et ma protection, parce que je suis votre mère miséricordieuse, à vous, à tous les habitants de cette terre et à tous ceux qui m’aiment, m’invoquent et ont confiance en moi. J’écoute leurs lamentations et je remédie à leurs misères, leurs détresses et leurs peines. Afin d’accomplir ce qu’exige ma clémence, va au palais de l’évêque de Mexico et tu lui diras que je manifeste un grand désir qu’ici, sur cette plaine, une église soit construite en mon honneur (…) ».

N’ayant pas obtenu de succès auprès de l’évêque, Juan Diego pria la Vierge d’envoyer quelqu’un de plus important mais elle l’avait pour cette mission. L’évêque demanda alors un signe. Le 12 décembre 1531, la Vierge lui donna, en plein mois de décembre à 2.300 m d’altitude, des roses de Castille qu’il ramassa et déposa dans son poncho ou tilma. Alors qu’il la déploya devant Juan de Zumárraga, évêque franciscain de Mexico (1468-1548), s’était imprimée l’image acheiropoïète (non faite de main d’homme) de la mère de Dieu sur la tilma. L’évêque fit construire l’église en l’honneur de la Domina cælorum où est conservée cette image miraculeuse. Juan Diego demeura dans un petit ermitage pour y accueillir les pèlerins, vivant de prière et de charité. Le voyant mourut le 30 mai 1548. Il fut béatifié en 1990, canonisé en 2002, fêté le premier jour des apparitions tandis que ND de Guadalupe l’est le 12 décembre. Saint Jean-Paul II la proclama reine du Mexique et impératrice des Amériques en 2000.

Analyse de l’image achéiropoïète

La tilma est en fibres d’agave, cactée mexicaine dont la durée de vie ne dépasse pas une vingtaine d’année. Elle est pourtant exposée à la vénération des fidèles depuis 1531 et résiste depuis cinq siècles à l’humidité, à la fumée des cierges, aux embrassements des fidèles, à deux incendies. En 1785, un orfèvre renversa de l’acide nitrique qui ne l’attaqua pas. En 1921, un attentat à la bombe fit exploser vitre et crucifix mais n’entama pas la toile.

En 1666, sept peintres de Nouvelle-Espagne déclarèrent impossible de peindre une image d’une si grande qualité sur un tissu aussi grossier et ne trouvèrent ni trace de pinceau ni peinture ni vernis ni craquelure. Le peintre Miguel Cabrera constata en 1756 sa réversibilité, étant d’une couleur aussi belle à l’envers qu’à l’endroit. Les défauts du tissu accentuaient même le dessin « la bouche est une merveille, elle a des lèvres très mince et la lèvre inférieure tombe mystérieusement dans un manque ou un nœud du tissu pour donner la grâce d’un léger sourire ».

Richard Kuhn, prix Nobel de chimie, travailla en 1938 sur deux fibres rouge et jaune : « il n’existait dans aucune des deux fibres examinées aucun type de pigment connu dans la nature ». En 1979, Jody Brant Smith et Philip Serna Callahan passèrent la tilma au rayonnement infrarouge décelant normalement les couches sous-jacentes ou la direction des coups de pinceaux. « On ne peut expliquer le type de pigments chromatiques utilisés, ni la permanence de la luminosité, ni la brillance des couleurs après quatre siècles et demi (…). Il n’y a pas d’explication possible de l’image par les procédés de la photographie infrarouge ». Par iridescence, les couleurs des mains et du visage changent selon l’angle et la distance. En 1991, le Dr Padilla vit des veines dans les pupilles de la dame qui est enceinte. Les constellations de son manteau correspondent au 12 décembre 1531 au-dessus de Mexico. Sur son front brille la couronne boréale et sur son ventre, la constellation du Lion abrite l’étoile Regulus, le petit roi.

En 1929, le photographe officiel détecta sur des négatifs agrandis de la pupille de la Vierge un homme barbu. Le diamètre des cornées (7-8 millimètres) excluait toute possibilité de créer ces détails si minuscules ignorés de la science du XVIe s. Il dut se taire. En 1951, José Carlos Salinas Chávez constata de même mais parla et l’archevêque dut instituer une commission ophtalmologique. Le Dr. Javier Torroella Bueno observa en 1956 le triple reflet de Purkinje-Samson découvert au XIXe s. Le Dr Lavoignet nota que les yeux de la Vierge étaient vivants, reflétant la lumière de l’ophtalmoscope, impossible en peinture. Il découvrit aussi l’image d’un buste humain dans la cornée et sur la face antéro-postérieure du cristallin. En 1962, l’optométriste Dr Walbing, isola quatre personnes. Dès 1979, grâce à des appareils à haute définition, Jose Aste Tosmann, ingénieur informaticien repéra treize formes humaines que la Vierge avait regardé à différents moments.

Un indigène est assis par terre avec un anneau à l’oreille et des sandales aux pieds. Un vieil homme, chauve, le nez proéminent et droit, les yeux enfoncés regardant vers le bas et une barbe blanche est identifié à l’évêque. Le traducteur, un jeune espagnol Juan González s’adresse à l’évêque, marqué par l’étonnement. Juan Diego est représenté sous un indigène d’âge mûr, une barbe clairsemée, le nez aquilin et les lèvres entrouvertes. Il porte un chapeau en forme de cornet, courant chez les indigènes. Le buste d’une esclave noire affranchie par l’évêque. Un européen barbu contemple. Enfin, sept indigènes forment une scène à part et d’une autre taille. Cette famille est composée (7) d’une jeune femme aux traits fins regardant vers le bas, les cheveux tressés de fleurs avec dans son dos un enfant dans un manteau (8). Plus bas, à droite, un homme coiffé d’un chapeau (9), et entre les deux, un garçon et une fille (10 et 11). Puis, debout derrière la jeune femme, un homme et une femme d’âge mûr (12 et 13).

Conclusion

Pour Jose Aste Tosmann, les reflets contenus dans les yeux de la Vierge montrent que, devant Dieu, hommes et femmes de toutes races et statut social sont égaux. Le groupe familial (figures 7 à 13) sont les plus importantes, parce que situé dans ses pupilles. La famille est ainsi au centre du regard compatissant de la Très Sainte Vierge Marie.

Date de dernière mise à jour : 14/12/2025