20e Pentecôte (15/10 - immigration)

Homélie du 20e dimanche après la Pentecôte (15 octobre 2023)

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L’immigration

  1. L’immigration dans la Bible
  1. Survol de l’histoire du peuple juif

Les Juifs descendent d’Abraham qui fut envoyé par Dieu d’Ur en Chaldée vers Haran, (Gn 11, 28-32) soit plus au Nord de la Mésopotamie, avant de migrer vers la Terre promise, à Sichem, Bethél et le Neguev (Gn 12, 4-9). Mais il dut continuer un temps en Égypte à cause de la famine (Gn 11, 10 ; 46, 3-4). Jacob/Israël son petit-fils engendra les douze tribus qui y émigrèrent à leur tour pour le même motif (Gn 42, 1-3). Là, ils retrouvèrent leur frère Joseph dont ils s’étaient débarrassés. Cette installation en Égypte (Gn 45, 9-11 ; 46, 6-7. 27. 34)  pour 70 personnes dura environ 430 ans. Lorsque Moïse les en fit sortir, ils conquirent militairement puis occupèrent un territoire déjà peuplé que Dieu leur donnait.

Mais les anciens peuples ne furent pas totalement chassés. Dieu les y laissa en petit nombre, surtout les Philistins (proche phonétiquement des Palestiniens) qui toutefois réussissaient à dominer quand le juge ou le roi faillait et trahissait l’alliance avec l’Éternel : « Voici les nations que le Seigneur laissa subsister afin de mettre par elles à l’épreuve les fils d’Israël, tous ceux qui n’avaient connu aucune des guerres de Canaan. Elles servirent à instruire les générations des fils d’Israël : ils apprirent l’art de la guerre, ceux du moins qui ne le connaissaient pas auparavant. Voici ces nations : cinq princes des Philistins et tous les Cananéens, les Sidoniens et les Hivvites qui habitaient la montagne du Liban depuis la montagne de Baal-Hermon jusqu’à l’Entrée-de-Hamath. Ces nations servirent donc à mettre à l’épreuve les fils d’Israël pour savoir s’ils écouteraient les commandements que le Seigneur avait donnés à leurs pères par l’intermédiaire de Moïse. Les fils d’Israël habitèrent au milieu des Cananéens, des Hittites, des Amorites, des Perizzites, des Hivvites, des Jébuséens, ils prirent leurs filles pour femmes et ils donnèrent leurs filles à leurs fils ; ils servirent leurs dieux » (Jg 3, 1-6).

En 722 puis 598-587 av. J.C. deux invasions eurent lieu : le royaume du Nord, Israël, fut envahi par les Assyriens puis celui du Sud, Juda, par les Babyloniens. Les premiers subirent une colonisation étrangère qui donna une région de peuplement mixte (Galilée et Samarie indépendante du Temple de Jérusalem) tandis que les Juifs de Jérusalem furent déportés sous Nabuchodonosor. Puis après 70 ans, ils purent revenir une fois les Perses maîtres de la Mésopotamie et Cyrus le Grand les autorisa à rentrer puis reconstruire le Temple en -532, d’où un éloge de ce païen devenu instrument de Dieu pour restaurer le culte. Mais les vagues d’invasion continuèrent : Grecs sous Alexandre le Grand en -333, puis Romains en -63. Ceux-ci interdirent aux Juifs de rester chez eux après les guerres juives en 70 puis 135.

  1. Récapitulation en Christ

Le Christ vécut en résumé l’histoire du peuple hébreu. Né entre -7 et -4, il fut contraint à fuir, tel un demandeur d’asyle, en Égypte lors du massacre des innocents par Hérode le Grand qui mourut en -4, ce qui lui permit de revenir en Galilée des Nations (Mt 4, 15). Cela n’aidait pas à le faire accepter comme le Messie par ses coreligionnaires : « Nathanaël répliqua [à Philippe] : ‘De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ?’ » (Jn 1, 46). Sans doute Dieu préparait-il ainsi le passage d’une religion nationale absolument pas prosélyte à l’évangélisation de tous les peuples païens, au monde entier.

En résumé, les migrations et invasions sont un fait récurrent dans l’histoire du peuple élu. Au point qu’il apparut parfois comme apatride pour le déicide Juif errant. Dieu est souverain maître et utilise parfois les peuples étrangers pour châtier ses élus infidèles.

  1. Contextualiser et nuancer
  1. Les mariages mixtes mènent à l’apostasie dans la Bible

Lorsqu’il fut déporté ou immigra, le peuple juif devait s’installer, construire des maisons, se marier et procréer même en terre étrangère. « Les fils d’Israël habitaient en Égypte, au pays de Goshèn. Ils y furent propriétaires, ils étaient féconds et se multiplièrent énormément » (Gn 47, 27). Mais sans oublier d’où l’on vient car Jacob fut enterré en Canaan (Gn 50, 11-14), pas en Égypte contrairement à Joseph dont les os furent rapportés par Moïse. À Babylone, Jérémie transmit l’ordre divin : « Ainsi parle le Seigneur de l’univers, le Dieu d’Israël, à tous les exilés que j’ai déportés de Jérusalem à Babylone : Bâtissez des maisons et habitez-les, plantez des jardins et mangez de leurs fruits. Prenez des femmes et engendrez des fils et des filles (…) ; multipliez-vous là-bas, et ne diminuez pas ! » (Jr 29, 4-6).

Un peuple ne survit que s’il garde espoir, ce qui est manifesté par une belle fécondité. L’histoire suit l’arithmétique. Seuls les tout petits peuples se font submerger, à moins qu’ils ne soient portés par une très forte identité résistant à toutes les diasporas comme les Juifs ou les Arméniens. Car vivre en terre étrangère n’implique pas de se mélanger totalement. Les mariages mixtes étaient mal vus dans l’ancienne alliance car les femmes étrangères firent chuter même des justes comme Salomon : il « aima de nombreuses femmes étrangères : outre la fille de Pharaon, des Moabites, des Ammonites, des Édomites, des Sidoniennes, des Hittites. Elles étaient de ces nations dont le Seigneur avait dit aux fils d’Israël : ‘Vous n’entrerez pas chez elles, et elles n’entreront pas chez vous : sûrement, elles détourneraient votre cœur vers leurs dieux’. Mais Salomon s’attacha à elles par amour. Il eut sept cents femmes de rang princier et trois cents concubines (…). Salomon vieillissait ; ses femmes le détournèrent vers d’autres dieux, et son cœur n’était plus tout entier au Seigneur, comme l’avait été celui de son père David » (1 R 11, 1-6). La palme de l’apostasie revient toutefois à Acab qui instaura le culte de Baal et d’Astarté pour plaire à Jézabel qui persécuta les prophètes avant qu’Élie n’intervînt (1 R 16, 30-34 ; 18, 4. 18).

On craignait aussi de voir imiter des usages étrangers, comme sous Antiochus IV Épiphane : « À cette époque, surgirent en Israël des hommes infidèles à la Loi, et ils séduisirent beaucoup de gens, car ils disaient : ‘Allons, faisons alliance avec les nations qui nous entourent. En effet, depuis que nous avons rompu avec elles, il nous est arrivé beaucoup de malheurs’ (…) Ils construisirent un gymnase à Jérusalem, selon la coutume des nations ; ils effacèrent les traces de leur circoncision, renièrent l’Alliance sainte, s’associèrent aux gens des nations, et se vendirent pour faire le mal » (1 Martyrs 1, 11-16). Pour survivre spirituellement et comme Nation, il est préférable de ne pas multiplier les mariages mixtes car la partie catholique est actuellement toujours celle qui cède, contrairement à l’Antiquité, car elle est minée de l’intérieur, ne sachant plus qui elle est (cf. film Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?).

  1. Charité bien ordonnée

Faut-il accueillir inconditionnellement les immigrés ? NON. La société actuelle, dégoulinante de prétendue compassion, fait croire que la plupart seraient réfugiés politiques demandeurs d’asyle, or le premier motif est économique, provenant de pays pas complètement anarchiques. À aucun moment de l’histoire de France, quand nous étions inquiétés par des invasions, le chaos politique, les Français n’émigrèrent. Chaque Nation doit chercher à améliorer la situation dans son propre pays, toujours suffisamment complexe avant de se mêler des problèmes d’autrui. Certaines cultures comme les sociétés tribales africaines ou l’Islam avec sa haine de l’éducation critique (Boko haram, groupe terroriste nigérian signifie littéralement : les livres sont interdits) créent des sociétés déséquilibrées et arriérées. La France n’a pas vocation à porter la misère du monde entier. Ces pays qui ont chassé leur ancienne puissance coloniale pour des raisons qu’on peut comprendre, n’ont pas à entretenir une mauvaise conscience ridicule qui ferait accroire qu’on leur devrait une aide au développement, alors qu’ils sont corrompus et instables. « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours » (Mt 26, 11). Si les œuvres de justice sociale jouent un grand rôle dans la charité, il faut y préférer le Seigneur car il convient toujours d’évangéliser.

La charité n’est pas anarchique mais opère par cercles concentriques. « Saint Augustin écrit : ‘Il y a quatre choses à aimer : une qui est au-dessus de nous’, c’est-à-dire Dieu ; ‘une autre qui est nous-même ; une troisième qui est près de nous’, c’est-à-dire notre prochain ; ‘une quatrième qui est au-dessous de nous’, c’est-à-dire notre propre corps » (II-II, 25, 12, SC+corp). Qui est mon prochain ? Avant tout tout sa propre famille, ses parents au sens étroit puis élargi jusqu’à la patrie, le pays de nos pères. La patrie est une société de droit divin car famille de familles partageant un même territoire. Elle mérite d’être protégée pour survivre car les nations sont mortelles comme les hommes.

  1. L’enjeu de survie de l’Occident chrétien

Autrefois, les immigrés auxquels l’Église prêtait attention étaient chrétiens. Soit ceux qui partaient vers un monde non-chrétien (les Irlandais, Italiens ou Polonais vers les États-Unis WASP), soit ceux qui étaient accueillis chez nous. La France n’a jamais eu aucun problème avec les Italiens, Belges, Polonais, Espagnols et Portugais jusque dans les années 1970 car ils étaient assimilables puisqu’ayant le point commun d’être des Européens catholiques. Ils sont des frères selon la foi. « Lorsque nous en avons l’occasion, travaillons au bien de tous, et surtout à celui de nos proches dans la foi » (Ga 6, 10). Le ‘maxime autem ad domesticos fidei’ (μάλιστα δὲ πρὸς τοὺς οἰκείους τῆς πίστεως).

Mais dès qu’elle s’ouvrit à l’immigration musulmane ou africaine dans les années 1960, la France s’exposa. L’écart culturel et religieux est trop important. Là-dessus se greffa la modernité qui est l’absence d’identité, incapable de penser la véritable altérité : tout doit devenir fluide, l’un et l’autre ne sont plus distingués, que ce soit pour la personne humaine des animaux (antispécisme), l’homme de la femme (transgenre), un catholique d’un hérétique ou païen (ad extra avec l’œcuménisme et le dialogue interreligieux et ad intra avec l’hérétique ou apostat pratique toujours considéré membre de l’Église). On ne sait plus ce que signifie être Français, c’est à dire ne pas avoir l’impression de vivre en terre étrangère chez nous puisque certains immigrés viennent coloniser et non s’intégrer et s’assimiler suivant le mot de saint Ambroise à saint Augustin : « Si tu es à Rome, vis comme les Romains ; si tu es ailleurs, vis comme on y vit ». Le pays d’accueil doit être respecté. La France n’impose plus des prénoms locaux, des vêtements locaux mais se veut métissée, créole. La république a de prétendues valeurs qui sont si abstraites qu’elles sont de n’importe où (anywhere) alors que nous sommes de quelque part (somewhere).

L’histoire, science du passé, devrait nous transmettre l’expérience des erreurs d’autrefois pour tâcher de les éviter comme chacun le fait par son jugement prudentiel. Jamais ni à aucune époque, la coexistence de plusieurs peuples à forte identité n’est possible sur un même territoire. Soit, l’un domine l’autre en se l’assimilant et l’Islam veut nous dominer, soit il y a conflit perpétuel comme en Israël où Palestiniens et Juifs se feront la guerre jusqu’au retour du Christ. Le bien commun de la paix impose de le reconnaître pour éviter les drames continuels et répétés que l’histoire de la poudrière des Balkans (Kossovo, Bosnie et Herzégovine) ou du Caucase enseigne (Arménie et Azerbaïdjan, Russie et Tchétchénie…). La maison commune de la foi catholique impose qu’on soit sans illusion sur le risque de disparition de la chrétienté dans certains pays. L’histoire nous enseigne que là où envahit l’Islam, par la guerre, le terrorisme intellectuel ou physique, ou encore par les ventres, le christianisme peut trépasser. Il n’en reste que des miettes dans tout le Proche et Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, soit historiquement le berceau de la Chrétienté, et exposées à toutes les persécutions.

La divine Providence nous donna un pape de la grande Nation polonaise, issu d’un pays qui perdit pendant 123 ans son État (1795-1918) mais pas son identité car elle ne survécut que par la langue et la culture qu’elle véhicule et la foi catholique. Jean-Paul II disait que le premier droit de l’immigré était de rester chez lui : « Édifier des conditions concrètes de paix, en ce qui concerne les migrants et les réfugiés, signifie s'engager sérieusement à préserver avant tout le droit à ne pas émigrer, c'est-à-dire à vivre dans la paix et la dignité dans sa propre Patrie. Grâce à une administration locale et nationale avisée, à un commerce plus juste et à une coopération internationale solidaire, chaque pays doit être en mesure d'assurer à ses habitants, outre la liberté d'expression et de mouvement, la possibilité de satisfaire les nécessités fondamentales telles que l'alimentation, la santé, le travail, le logement et l'éducation, dont la frustration met de nombreuses personnes dans la situation d'être contraintes d'émigrer » (Message de Jean-Paul II du Vatican, le 15 décembre 2003 pour la 90e journée mondiale du migrant et du réfugié de 2004, n°3).

Date de dernière mise à jour : 15/10/2023